Le ghostwriting, c’est un peu comme ces pubs pour devenir rentier en investissant dans l’immobilier sans apport : sur le papier, ça a l’air génial… mais dans la vraie vie, la vraie de vraie, c’est une autre histoire.
Les vendeurs de bootcamps sur LinkedIn ont tendance à vendre un métier en plein essor, bien payé, passionnant, avec une demande exponentielle. Ils laissent entendre que les CEO se battent pour déléguer leur personal branding à des plumes de l’ombre, prêtes à leur prêter leur verbe pour conquérir LinkedIn.
Sauf que non.
La réalité, c’est que le ghostwriting LinkedIn est un marché à double tranchant :
✅ Oui, certains ghostwriters cartonnent et gagnent très bien leur vie.
❌ Mais la plupart galèrent, peinent à trouver des clients rentables et finissent par vendre leurs posts LinkedIn à 50 € pour survivre.
Pourquoi ? Parce que la promesse est séduisante, mais les fondations sont fragiles :
👉 Un marché saturé où tout le monde se proclame ghostwriter du jour au lendemain.
👉 Des clients qui n’ont pas forcément le budget (ou qui ne comprennent pas l’intérêt réel du ghostwriting).
👉 Un métier qui flirte dangereusement avec l’inauthenticité et qui pose de vraies questions éthiques.
Alors avant de se lancer tête baissée dans cette tendance en pensant avoir trouvé la voie royale du freelancing, il faut analyser les vraies failles de ce modèle. Spoiler : ce n’est pas aussi idyllique que certains voudraient nous le faire croire.
Aujourd’hui, on va démonter point par point les illusions autour du ghostwriting LinkedIn… et surtout, voir quelles alternatives sont plus viables à long terme.
1. Un marché en pleine explosion… mais sur des bases fragiles
Le ghostwriting LinkedIn est-il vraiment un eldorado du freelancing, un marché en pleine expansion où la demande explose ? En surface, ça a l’air vrai : de plus en plus de CEO et d’entrepreneurs cherchent à bâtir leur personal branding, et déléguer leur communication semble être une solution idéale.
Mais en creusant un peu, on s’aperçoit que cette explosion repose sur des bases bien plus fragiles qu’on ne le pense.
Le ghostwriting : une mode ou une tendance durable ?
Quelques chiffres qui remettent les choses en perspective :
70% des ghostwriters vendent leurs posts à moins de 150€, et plus de la moitié (54%) déclarent un chiffre d’affaires mensuel inférieur à 2500€.
Le marché du ghostwriting a connu une croissance de 20% ces dernières années, mais cette augmentation ne garantit pas une demande solide et pérenne.
Problème : la majorité des CEO préfèrent garder le contrôle sur leur communication.
Ils savent que LinkedIn est un espace d’expression personnelle et qu’un contenu trop formaté ou écrit par un tiers peut manquer d’authenticité.
Plutôt qu’un ghostwriting total, l’accompagnement au personal branding semble être une option plus viable à long terme.
(Découvrez pourquoi la simple délégation du contenu peut être un piège 👉 Pourquoi documenter sa stratégie de contenu est essentiel)
Le vrai problème : une demande en trompe-l’œil
Le marché du ghostwriting semble florissant, mais la demande réelle est bien plus complexe qu’il n’y paraît.
👉 Une majorité de prospects n’ont ni le budget ni la compréhension du ghostwriting.
👉 Les tarifs sont extrêmement variables et souvent sous-évalués.
👉 Les missions récurrentes sont rares et difficiles à sécuriser.
Exemple : un freelance junior se lance dans le ghostwriting et décroche quelques missions sur LinkedIn. Il vend ses posts entre 50€ et 100€ l’unité.
Sauf qu’à ce prix-là, il doit rédiger 10 à 15 posts par semaine pour en vivre correctement. Ce qui est, quand on prend son métier au sérieux, compliqué en termes de qualité et de gestion de la charge mentale.
Positionner le ghostwriting comme un accompagnement stratégique plutôt qu’une simple prestation d’exécution permet de mieux valoriser ses services.
(Pourquoi le ghostwriting seul ne suffit pas et doit s’inscrire dans une démarche plus large 👉 Les compétences clés d’un ghostwriter efficace)
Pourquoi il est si difficile de décrocher des missions rentables
Un autre problème rarement abordé : le ghostwriting LinkedIn est une profession “cachée”.
Contrairement au copywriting ou au content marketing, les clients ne parlent pas de leurs ghostwriters.
En France, le marché des ghostwriters freelance est dominé par quelques professionnels, rendant l’accès aux clients high-ticket difficile pour les nouveaux entrants.
Pourquoi c’est un problème ?
- Difficile d’utiliser son travail comme référence → Les ghostwriters ne peuvent pas vraiment montrer leurs réalisations.
- Peu de bouche-à-oreille → Les clients satisfaits ne mentionnent jamais leur ghostwriter publiquement.
- Absence de cas clients visibles → Contrairement à un rédacteur web qui peut montrer des articles signés, ici tout doit rester anonyme.
Conséquence : le ghostwriter doit constamment prospecter et vendre ses services, car il ne peut pas capitaliser sur son portfolio.
Se positionner comme un consultant en influence plutôt que comme un simple exécutant permet de contourner ce problème.
2. Le mythe de la rentabilité facile : une industrie ultra compétitive
Le ghostwriting sur LinkedIn est souvent présenté comme un eldorado du freelancing, un secteur où l’on peut rapidement générer des revenus confortables en écrivant des posts pour des CEO débordés. Pourtant, cette vision repose sur un fantasme marketing plus qu’une réalité économique tangible.
Le marché est saturé, les tarifs sont sous pression et la rentabilité, loin d’être garantie.
D’abord, il faut comprendre que la valeur perçue du ghostwriting est extrêmement variable. Pour un CEO qui a conscience de l’importance de sa communication personnelle, investir dans un bon ghostwriter semble logique.
Mais pour une majorité de prospects, l’idée de payer plusieurs centaines d’euros pour un post LinkedIn reste incompréhensible.
Contrairement au copywriting classique (publicités, landing pages), dont l’impact est directement mesurable en termes de ventes, le ghostwriting repose sur des bénéfices plus flous : visibilité, influence, crédibilité.
Résultat ? Justifier un tarif premium est une bataille constante.
Ensuite, le marché est saturé. Depuis l’essor du personal branding, n’importe quel rédacteur web se proclame ghostwriter, sans réelle expertise. Comme il n’existe ni diplôme ni certification dans ce domaine, la barrière à l’entrée est quasi inexistante.
Conséquence ? Une concurrence féroce qui écrase les prix. Les plateformes de freelancing regorgent de ghostwriters bradant leurs services, prêts à vendre un post pour 50€ juste pour décrocher un client. Cette dynamique tire inévitablement la perception de valeur vers le bas, rendant la rentabilité difficile même pour les professionnels expérimentés.
Ce problème est d’autant plus accentué par le modèle économique du ghostwriting.
Contrairement aux rédacteurs SEO, qui peuvent capitaliser sur des articles evergreen, ou aux copywriters qui créent des contenus percutants à forte valeur ajoutée, le ghostwriter LinkedIn est enfermé dans une logique de production continue. Il faut fournir plusieurs posts par semaine pour garantir un revenu stable, sans possibilité d’automatiser ni de créer des effets de levier. En clair, pas de revenus passifs, pas d’upsell facile, et une dépendance totale aux contrats en cours.
Et même si on décroche un client, encore faut-il qu’il reste ! L’une des grandes failles de ce métier, c’est que les clients sous-estiment la charge de travail d’un ghostwriter.
Beaucoup pensent que rédiger un post LinkedIn prend 15 minutes, alors qu’en réalité, cela implique de la recherche, des entretiens, la compréhension du tone of voice, et une révision constante.
Résultat ? Les clients non éduqués ont tendance à considérer que “c’est trop cher pour quelques lignes de texte” et ne renouvellent pas les contrats.
Autre problème rarement abordé : le modèle d’acquisition des clients.
Un ghostwriter ne peut pas s’appuyer sur des références publiques, un portfolio ou du bouche-à-oreille classique, car son travail est invisible par nature. Contrairement à un rédacteur classique qui peut montrer ses articles, ici tout est confidentiel. Conséquence logique, une prospection constante et un taux de conversion plus bas que dans d’autres domaines du freelancing.
Cette invisibilité pose aussi un dilemme : comment convaincre un CEO de déléguer sa communication si nous-mêmes passons notre temps à créer du contenu sous notre propre nom ? C’est une contradiction qui crée un plafond de verre : les ghostwriters les plus visibles sont souvent ceux qui produisent énormément pour eux-mêmes… ce qui rend leur propre argumentaire bancal.
Enfin, l’aspect psychologique de cette profession est sous-estimé.
Produire dans l’ombre, sans jamais recevoir de reconnaissance publique, peut devenir frustrant à long terme. Quand un post devient viral, c’est le client qui reçoit les félicitations. Quand une stratégie fonctionne, c’est lui qui récolte le crédit. Il faut donc une grande capacité de détachement et un sens du service poussé pour ne pas se sentir éclipsé.
Loin d’être un business scalable et ultra-rentable, le ghostwriting LinkedIn est donc une profession exigeante, instable, et qui demande bien plus que de simples compétences rédactionnelles. Ceux qui veulent en vivre correctement doivent impérativement se positionner sur une offre stratégique (consulting, accompagnement global) plutôt que sur de la pure exécution. Sans cela, ils risquent de tomber dans un engrenage infernal de production à bas prix, sans réel levier de croissance.
3. Un métier qui flirte avec l’inauthenticité : la grande illusion du personal branding délégué
Le ghostwriting sur LinkedIn est souvent présenté comme un outil incontournable pour les dirigeants qui veulent renforcer leur influence sans y consacrer trop de temps.
Mais cette pratique soulève de sérieuses questions sur l’authenticité et la crédibilité des contenus publiés.
Si l’objectif du personal branding est de refléter une voix et une pensée uniques, comment justifier qu’une tierce personne l’écrive à la place du principal intéressé ?
Ce paradoxe est rarement abordé dans les discours pro-ghostwriting. Pourtant, il est fondamental. Un post LinkedIn bien écrit, ce n’est pas juste un enchaînement de phrases accrocheuses, c’est une extension de la pensée de son auteur. Or, quand le texte est entièrement rédigé par un tiers, il y a un risque énorme de déconnexion entre le message et la personne qui l’incarne. Certains CEO, à force de déléguer, finissent par ne même plus savoir ce qui est posté en leur nom. Un comble.
Le phénomène du “LinkedIn washing”
Aujourd’hui, on voit émerger une pratique inquiétante : le LinkedIn washing. Autrement dit, l’art de se construire une fausse image en ligne grâce à des posts savamment rédigés par des ghostwriters. Un dirigeant peut paraître inspirant, charismatique, engagé sur des sujets sociétaux… alors qu’en réalité, il ne pense pas un mot de ce qui est publié sous son nom.
Des cas emblématiques ont déjà fait surface. Des entrepreneurs propulsés au rang d’influenceurs grâce à des posts viraux écrits par des agences spécialisées, puis exposés quand leurs actes ne collaient pas à leurs discours. L’écart entre la façade LinkedIn et la réalité finit toujours par se voir, et quand il est trop grand, il détruit la crédibilité de la personne concernée.
Une étude de l’Université de Stanford explore les méthodes innovantes pour garantir l’authenticité des communications numériques, soulignant le besoin croissant de transparence dans la communication d’influence.
Buffer a publié une analyse du fonctionnement de l’algorithme LinkedIn en 2024, révélant que les contenus trop optimisés pour la viralité sont désormais moins favorisés, car perçus comme artificiels.
On pourrait objecter que beaucoup de dirigeants délèguent déjà la rédaction de leurs discours et tribunes dans la presse.
C’est vrai. Mais la différence, c’est que LinkedIn est une plateforme interactive : les échanges sont directs, les commentaires nombreux, les réactions instantanées.
Un CEO qui n’écrit pas ses propres posts prend le risque d’être incapable de répondre aux questions soulevées par son propre contenu.
Le danger du contenu générique
L’autre problème du ghostwriting est la standardisation des posts LinkedIn. À force de voir émerger des “formules miracles” et des structures types, on se retrouve avec des dirigeants qui sonnent tous pareils.
Exemple typique :
👉 Une anecdote inspirante.
👉 Une leçon tirée de l’expérience.
👉 Une phrase d’impact pour conclure.
Ça marche une fois. Deux fois. Mais quand chaque CEO se met à publier le même type de storytelling, l’effet s’annule. Résultat ? Un mur LinkedIn rempli de messages identiques, sans personnalité ni réelle valeur ajoutée.
- Une analyse de 10 000 posts LinkedIn réalisée par Buffer (2024) montre que 72% des publications virales suivent les mêmes structures narratives.
Ce qui faisait la force du personal branding – l’authenticité et la singularité – est en train d’être détruit par le ghostwriting de masse.
Tous les dirigeants n’ont pas le temps ni les compétences pour rédiger régulièrement.
Mais la solution n’est pas de tout déléguer, elle est de trouver une approche plus équilibrée.
Un ghostwriter ne devrait pas être un simple exécutant, mais un sparring partner, un facilitateur.
L’idéal serait un modèle hybride, où le dirigeant participe activement à l’élaboration de son contenu, plutôt que de simplement valider un texte écrit par quelqu’un d’autre.
Un personal branding construit sans implication personnelle… est-il encore un personal branding ?


